Julia Jean-Baptiste : J’ai rencontré Lisa à une soirée chez les filles de la marque Patine il y a quelques semaines et on a bien accroché ! J’ai craqué sur les joues de sa fille Suzanne :) Elle m’a écrit quelques jours après et m’a proposé de shooter la nouvelle collection Paris to Memphis, c’était vraiment trop chouette comme expérience, team ultra cool dans un lieu incroyable que je ne connaissais que de nom. Ma mère est architecte donc j’ai grandi avec une sensibilité particulière aux monuments, c’était vraiment dingue de shooter dans un lieu avec une telle âme. Chaque pièce m’a complètement fascinée ! Quelle est ta chanson feel-good par excellence ? You’re Not Special Babe d’Orla Gartland ! Je l’aime d’amour.
Blog Make My Lemonade
Rencontre avec Julia Jean-Baptiste
Comment s'est faite la rencontre avec Make My Lemonade ? Connaissais-tu la Villa Cavrois ?
Ton premier souvenir de chant ?
Julia Jean-Baptiste : Le karaoké du camping quand j’étais petite, c’est là-bas que j’ai fait mes premiers concerts en fait haha ! Tous les ans, j’attendais la soirée karaoké avec impatience pour chanter du Balavoine avec ma mère.
Quand as-tu su que tu voulais te consacrer à la musique ?
C’est venu naturellement, j’ai intégré mon ancien groupe Pendentif en 2014, et j’ai immédiatement aimé partir en tournée, être sur scène, rencontrer des nouvelles têtes. On a sorti deux albums, on est partis en tournée en Chine, dans les Balkans, et un peu partout en France et assez vite j’ai réalisé que j’étais la plus heureuse du monde quand je vivais ces instants. Puis j’ai commencé à écrire des chansons sous mon nom et j’ai vécu des grands moments d’extase. Ce n’est pas un métier évident, il y a des périodes de doutes, mais les joies sont tellement intenses qu’elles balaient tout sur leur passage !
Sur les réseaux, on a vu passer un portrait de toi réalisé par ta grand-mère Raymonde, que tu décris comme une artiste complète. La voir s’épanouir dans sa créativité t’a inspirée à explorer la tienne ?
Complètement. Ma grand-mère, ma mamie Doudou, est une immense source d’inspiration. Il y a une lumière qui émane d’elle, même à 90 ans elle est toujours pleine de vie et nous régale de son rire à chaque déjeuner de famille. Elle a toujours chanté, peint des paysages de la Martinique (dont elle est originaire), dessiné un peu en secret. Elle avait des belles robes des années 70 dans ses placards et je les essayais avec elle. Quand j’étais petite, je l’imaginais star, sur une scène sous les projecteurs, vêtue d’habits de lumière. Son histoire de vie a été complètement différente mais elle sera toujours mon idole et mon plus grand trésor.
Quel est ton plus beau souvenir de concert ?
A la release party de mon EP il y a quelques mois, le public a chanté en choeur les « payaya » de ma chanson Solo. C’était trop émouvant. Je suis du genre à ne pas trop savoir cacher mon émotion sur scène alors c’était un sacré challenge de continuer à chanter alors que j’avais les larmes aux yeux !
L’endroit où tu as préféré jouer ?
J’ai eu la chance d’immense de chanter dans le groupe Nouvelle Vague et il y a 3 ans on a chanté sur un bateau au large de Syracuse pour d’autres bateaux, en pleine mer, au moment du coucher du soleil. C’était un moment complètement hors du temps !
Avant de monter sur scène, quelle émotion prédomine ?
L’excitation. Quand je sens que mon trac monte, je me dis que j’ai une chance immense de faire ce métier et le petit stress au fond du ventre se transforme en un feu intérieur ! J’ai envie de bouffer la scène !
Avec quel artiste aimerais-tu collaborer ?
Etienne Daho, un rêve !
Quel instrument rêves-tu de maîtriser ?
La guitare, en mode gros guitar hero :) je bosse, je bosse…
Quelles sont les inspirations derrière ton premier album ?
La vie. Sans vraiment le vouloir, je me suis rendue compte à la fin de l’écriture de ce disque que j’écrivais sur les choses simples de la vie, ce qu’on ne voit pas toujours, qu’on ne prend pas le temps d’observer vraiment, les gens, les désillusions, l’amour, le quotidien. Ce disque c’est vraiment un tableau en 3D de ce qui nous traverse tous, je crois
Le dernier son qui t’a fait vibrer ?
"Close To You" de Dayglow. Gros gros crush pour ce morceau, je l’écoute en boucle !
Ton rituel préféré du week-end ?
Les câlins sur le canapé.
Quand tu ne composes pas, qu’aimes-tu faire ?
J’adore observer les gens à une terrasse de café. C’est une de mes grandes passions dans la vie, j’aime regarder les scènes de vie quotidiennes qui se déroulent sous nos yeux sans que l’on y prête assez attention. Ça m’inspire parfois des chansons, ou ça me met juste du baume au coeur, et c’est déjà très bien.
Si tu devais choisir une tenue à porter pour l’éternité ?
Une culotte et un tee-shirt large au soleil. Vivre à moitié nue, c’est la vie.
On sent que la mode constitue une grande part de ton identité. Comment définirais-tu ton style ?
Solaire, coloré, confortable. J’adore les motifs et les vêtements fun. Je porte aussi beaucoup de vêtement hérités de mes grands-parents, j’adore les sentir avec moi dans la vie de tous les jours.
Où vas-tu pour te ressourcer à Paris ?
Au yoga, chez Riise. Je suis complètement devenue accro il y a quelques mois. Quand j’entre dans le studio, je laisse tous mes petits tracas à la porte et je ressors plus légère. Je n’étais pas du tout sportive il y a encore peu de temps mais c’est vraiment devenue quelque chose qui fait du bien à ma tête.
L’adresse dont tu ne pourrais pas te passer ?
Gros Bao, sur le canal Saint Martin. Ils font un tofu pimenté à se damner. D’ailleurs, j’ai faim !
Quelles paroles de chanson résonnent particulièrement en toi ?
« Un matin comme tous les autres, un nouveau Paris, rechercher un peu de magie, dans cette inertie morose » Le premier jour du reste de ta vie, Etienne Daho. Réussir à trouver de la magie dans ce qui nous entoure, c’est peutêtre le plus beau cadeau de la vie, non ? En plus, mes parents sont tombés amoureux sur cette chanson.
Une actu musicale ?
Je viens de sortir Music-hall, le premier titre de mon premier album qui sortira tout début 2023. C’est une immense émotion de partager cette chanson. Je l’ai écrite en pensant à ma mamie, mais je crois qu’elle parle de toutes les femmes. Après tout, nous sommes toutes des tigresses.
Retrouvez Julia sur son compte Instagram @juliajeanbaptiste pour suivre toute son actualité !
Merci Julia <3
Lisa & Marie Victoire
Lisa, Marie Victoire, comment vous connaissez-vous ?
Marie Victoire : Une amie commune nous a présentées juste après le premier confinement. C'était la première fois que l’on voyait de nouveau des gens hors de nos foyers, c'était absurde et très drôle.
Lisa : Oui, c’est Édith qui nous a présentées et quelle bonne idée ! J’adore confronter mes idées à celles de Marie Victoire. Elle a une autre vision créative des choses et n’a aucune limite, là où je peux être plus “timide” dans mes choix. Elle n’a pas froid aux yeux.
Lisa, il paraît que Marie Victoire a créé un faire-part très spécial pour la naissance de Suzanne. Peux-tu nous en parler ?
Lisa : C’était un magnifique cadeau de naissance pour notre petite personne. Il s’agit d’une carte en trois parties qui se déplie en volets, en forme de fleurs et d’oiseaux multicolores… ça donne envie, non ? Là encore, la limite n’était que le ciel !
Il semble que vos univers créatifs se croisent souvent. Quels sont vos points communs ? Vos différences, s’il y en a ?
MV : Je dirais que nous avons une passion commune et sans fin pour la couleur, les total looks des pieds à la tête, et pour nos chats un peu idiots.
Lisa : Définitivement l’amour de la couleur, des prints discrets et des chaussures classiques… (rires)
Marie Victoire, pour toi, quelle est l’essence de Make My Lemonade ? As-tu des pièces coup de cœur ?
Une gaieté démocratique et un point de vue féminin sur les femmes qui fait du bien… Mes pièces coup de cœur ? Vivi, une jupe à pois froncée sur les hanches qui fait des fesses d'enfer, la veste 4 poches damier de la collection Soul Trip (évidemment !) et une indispensable paire de mules rainbow !
Comment avez-vous eu l’idée d’une collaboration ?
MV : En montant des meubles de cuisine chez Lisa avant l’arrivée de Suzanne ! Des idées folles portées par l’amitié, ça fonctionne toujours !
Lisa : Je ne m’en souviens plus précisément, mais cela a dû être à cette période, celle où moi non plus, je n’avais aucune limite, enceinte de 9 mois et la tête dans les cartons. J’ai dû oser lui demander si elle voulait bien que l’on fasse des folies ensemble…
Pouvez-vous décrire l’esprit de la collection Soul Trip, en quelques mots ?
MV : Espiègle, inclusive avec une pointe d’extravagance.
Lisa : Fuuuuuun, légère et avec la couleur comme meilleur antidépresseur.
Qu’espérez-vous que cette collection suscite au sein de la communauté Make My Lemonade ?
On espère qu’elle osera nous faire confiance, qu’elle adoptera notre mix d’imprimés et qu’elle se sentira belle et puissante dans ses pièces qui font du bien au cœur et à l’âme !
Marie-Victoire, as-tu des projets à venir dont tu voudrais nous parler ?
Une ligne de tissus d’ameublement et de papiers peints un peu psychédéliques avec un fabricant français en cours, mais on en reparle quand ça sera prêt !
Soul Trip
SOUL
TRIP
En collaboration avec
Marie Victoire de Bascher
Chaque mois, Make My Lemonade sort une collection limitée.
On vous livre ici les secrets de notre capsule de mars.
Make My Lemonade, c’est Lisa bien sûr, mais c’est aussi une équipe soudée et des ami-es fidèles. Et on a de la chance : comme ielles sont très créatives-ifs et toujours doué-es, on adore collaborer avec elleux pour tirer le meilleur parti de ces inspirations croisées.
C’est ce qu’on a fait pour “Soul Trip”, notre nouvelle collection. Elle est née d’un travail à quatre mains, par Lisa et l’une de ses amies : Marie Victoire de Bascher.
Marie Victoire est directrice artistique, créatrice de bijoux et designer textile. En bref, une artiste polyvalente à l’imagination débordante, et surtout, une vraie passionnée de mode.
Une collection maximaliste
Vous imaginez bien qu’avec Lisa, quand elles se sont assises pour réfléchir, ça a fait des étincelles. Ensemble, elles ont échangé leurs inspirations et leurs envies du moment, et mixé le tout avec bonheur. Le résultat : une collection maximaliste, débordante de couleurs vives et de motifs rétro. Les motifs originaux dessinés par Marie Victoire nous emportent dans un univers onirique ancré dans les années 70.
Pour le studio, c’est un véritable retour aux sources : des pièces gaies, affirmées, à mix & match sans modération. Un seul mot d’ordre : pas de limites.
On y retrouve des pièces classiques de Make My Lemonade en mode Soul Trip, dans des coloris Trippy et pied-de-poule, mais aussi des articles inédits dont un blouson et un pantalon workwear vert menthe, des robes à fleurs et deux nouvelles salopettes.
Suivez nos deux créatrices amoureuses de la liberté dans leur voyage psyché-ludique, pour une déferlante de bonne humeur contagieuse et de séances d’essayages jubilatoires.
Tenez-vous prêtes, Soul Trip annonce le printemps.
Rencontre avec Kenia Raphael
La Bruxelloise Kénia Raphaël est scénographe et architecte d’intérieur, mais aussi l’un des visages de Make My Lemonade !
Kénia a démarré son parcours au théâtre avant de développer des projets de scénographie pour la musique, le théâtre et la mode, en collaboration avec de jeunes créatifs bruxellois et parisiens.
Découvrez son interview par ici.
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C’est au théâtre que tu commences ton parcours de scénographe. Que t’ont appris ces premières expériences ?
En effet, j’ai étudié l’architecture d’intérieur et je me suis vite rendue compte que ce que je proposais dans ces projets s'apparente plus à de la scénographie qu’à de l’architecture en soi. Mes premières expériences en théâtre m’ont permis de rentrer dans la tête d’un.e metteur.euse en scène, dans le corps de comédien.nes et de traduire leurs envies sur cet espace magique qu’est la scène, d’explorer toutes les possibilités pour me rendre compte qu’au théâtre tout est possible et toute idée est exploitable. Finalement, ce qui m’a réveillée, c’est que je puisais mon inspiration dans l’humain, que ce soit dans les comédien.nes ou le régisseur son, c’est une grande collaboration d’esprits qui sera toujours essentielle dans mon processus de création.Ces sujets m’intéressent depuis que je suis étudiante ! Mon premier mémoire d’études, écrit il y a dix ans, portait sur la représentation des femmes dans les série et leur impact sur les téléspectateurs·trices et le second sur l’évolution des personnages noirs à la télévision et au cinéma. Pendant ma vingtaine, j’ai consommé la culture dans tous les sens du terme : musique, cinéma, séries… Pour moi c’est l’âge auquel chacun·e construit ses goûts, qu’ils deviennent plus clairs et précis, un moment de nos vies où l’on comprend l’impact qu’ils ont sur nous. Mon métier et cette consommation culturelle m’ont menée naturellement vers cet essai.
J’ai voulu en faire un essai personnel et journalistique qui part d’une expérience vraiment ancrée tout en l’appuyant sur des faits concrets. Je me suis beaucoup inspirée des essais anglo-saxons. En France, même si cela se fait de plus en plus, je continue à voir des autrices qui ont du mal à parler d’elles. Pour moi il faut réussir à se raconter soi sans en faire une histoire autobiographique. Le but ce n’était pas de raconter toute ma vie personnelle mais de voir comment la pop culture est à la fois une expérience personnelle et globale.
Aujourd’hui, tu travailles en tant que directrice artistique, décoratrice et designer pour de nombreux clients.
Comment décrirais-tu ta marque de fabrique ?
En tant que set designer ou DA, on doit constamment s’adapter aux envies du clients, le vrai challenge, c'est de réussir à faire ressentir notre univers, peu importe le projet. Je suis encore sur la route de l’expérimentation, pour être honnête, mais j’essaie constamment de me rapprocher d’un univers un peu fantastique, dramatique, qui peut être vu de prime abord comme agréable, mais qui a pour but de créer un doute, un malaise, un rêve noir, un cauchemar coloré.
Tu vis entre Bruxelles et Paris, n’est-ce pas ? Ces deux villes t’inspirent-elles de manière différente ?
Oui ! J’ai mon appart à Bruxelles, qui est la ville dans laquelle je suis née et dans laquelle j’ai toujours vécu. C’est là que sont ma maison, ma famille, mes amis, mon atelier et donc ma principale source d’inspiration. Les rues, les odeurs et les couleurs de Bruxelles me permettent de créer un terrain vide dans ma tête où tout est à construire et je me sens assez en sécurité pour pouvoir créer ce qui me traverse l’esprit. Paris m’appelle presque chaque semaine pour des projets pros, que ce soit dans le set design ou dans le mannequinat. Paris, c’est un peu ma bête noire, mais colorée en même temps, je l’adore, mais je la déteste, elle m’inspire dans le sens où je dois me surpasser à chaque fois, et quand je pars de là en ayant clôturé un projet, j’en suis fière. C’est une énergie tellement particulière, parfois très douce, comme issue d’un conte de fée et parfois hyper violente.
Tu es également set designer pour des créateurs de mode et mannequin. Comment décrirais-tu ton rapport à la mode ? Les vêtements sont-ils pour toi un moyen d’expression ?
Les vêtements ont toujours été un moyen d’expression pour moi, depuis petite je porte des motifs et des coupes assez particulières, qui me parlent à moi, mais pas à grand monde (rires). Ce qui est particulier, c’est que depuis que je suis set designer, je mets 2 jeans, 4 t-shirts max et toujours le même manteau parce que je dois privilégier le confort au style. Je pense que cette démarche me plaît bien, puisque je ne dépense plus rien et les rares moments où je peux vraiment sortir de jolies pièces je me sens vraiment bien, je remets de la valeur sur des vêtements que j’avais oubliés, et c’est vraiment chouette. Niveau mannequinat, c’est tout récent pour moi, les filles qui font du 38 ou plus sont acceptées dans ce monde-là depuis peu, et je suis fière de pouvoir en faire partie.
Sur quelle pièce de la nouvelle collection de Make My Lemonade as-tu particulièrement flashé aujourd’hui ?
J’ai adoré le blouson Willy rouge, je pense que c’est la pièce que je pourrais mettre tout le temps aussi bien à l’atelier que pour aller boire un verre !
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Je prépare ma première collection de meubles, restez connectés !
Que peut-on te souhaiter pour 2022 ?
De savoir placer mon énergie au bon endroit, de prendre soin de mon corps et finalement, de faire mieux que l’année passée !
Merci à Kenia Raphaël d'avoir répondu à nos questions !
Pour suivre le travail de Kénia
rendez-vous sur son compte Instagram @kenia.raphael !
Suzy fantasy : une collection onirique et instinctive
C’est pendant une nuit d’insomnie que Lisa, alors (très) enceinte, pose sur le papier les grandes lignes d’une collection instinctive et boostée aux hormones. Quelques semaines plus tard, la petite Suzanne naît, et aujourd’hui, c’est au tour de cette collection débridée de voir le jour ! Baptisée Suzy Fantasy, elle raconte une période intense d’attente et d’envies fantasques.
Inspirée par les cravings et les rêves de Lisa, cette capsule rétro haute en couleurs déborde de motifs de fraises, léopard, et s’habille de vert sauge ou de rouge carmin dans un mix & match exubérant. On y trouve des pièces intensément féminines allant d’un blouson digne d’un road-trip américain à des bodies aux manches sophistiquées, en passant par une blouse smockée et des bobs très cozy.
Pensée pour les grandes rêveuses (et leurs kids !), Suzy Fantasy s’adresse à celles qui se jouent des règles et suivent toutes leurs envies. Et surtout, elle arrive à point en janvier pour chasser nos idées grises en attendant les beaux jours.
On ne vous en dit pas plus. Découvrez notre photoshoot dans une maison hors du temps et rejoignez le tourbillon technicolor de Suzy Fantasy !
Bonjour Lisa, et bonne année ! Comment vas-tu ?
Ça va bien, un peu cassée par cette fin d’année 2021 (et quelle année !), mais définitivement prête à en découdre avec 2022 ! Le moral est au beau fixe et je suis ravie de retrouver les bancs du bureau !
Comment t’est venue l’inspiration pour cette nouvelle collection ? À quoi ressemblait ton moodboard ?
C’est très rare, mais je n’ai pas créé de moodboard pour cette collection. J’étais alors enceinte de 8 mois et demi et il faisait une chaleur torride en plein mois de juin. Impossible de dormir. Je me suis levée vers 5 heures et j’ai dessiné sans m’arrêter. Cela peut ressembler à un beau storytelling, mais c’est la pure vérité. Je me souviens très bien de l’endroit où je m’étais installée et de la lumière du soleil levant sur l’écran de mon iPad. Pendant que j’étais enceinte, surtout vers la fin, j’ai vraiment eu la sensation d’être invincible et capable de m’atteler à des tâches titanesques avec un enthousiasme contagieux.
D’où vient le nom Suzy Fantasy ?
Ma petite personne s’appelle Suzanne et on l’appelle déjà Suzy, Suzette… Et comme pour cette collection dessinée sous hormones, j’ai choisi des fraises, du léopard, du vert menthe et un motif écossais (ce n’était pas simple de raccrocher les wagons !), j’aime imaginer que c’est elle qui m’a soufflée l’inspiration. Donc sans hésiter, cette collection, c’est Suzy Fantasy !
Quels en sont les motifs et couleurs dominants ?
Le léopard et les fraises ! Pour moi, le léopard fait partie d’une palette intemporelle. C’est un motif aussi basique qu’un jean brut ou une petite robe noire. Et les fraises, c’est une planche botanique recolorisée pour le twist Make My Lemonade. Il est certain que ce print est déjà collector !
Quelle est ta pièce coup de cœur et pourquoi ?
Il y en a tellement ! Je dirais la robe Natacha léopard… ou la jupe Anaëlle ? Ou bien Aldo Mint ! Non, le pull fraise et définitivement la chemise Charlie fraise !
L’édito de la collection semble avoir été shooté dans un lieu incroyable. Peux-tu nous parler de cette maison et de l’inspiration derrière le shoot ?
On l’a déniché via un site incroyable qui s’appelle 20 000 lieux. On y trouve des lieux de folie où faire des tournages ou des shoots un peu partout en France. Il faut savoir s’y perdre pour trouver des pépites ! Nous essayons de trouver des lieux les plus dingues possibles en France pour limiter nos déplacements et donc notre empreinte carbone. Quand on a trouvé cette maison californienne “dans son jus”, ultra 70’s, tapissée des murs au plafond, c’était une évidence ! Pour l’amoureuse du rétro que je suis, c’était impossible de résister.
À ton avis, qu’inspirera cette collection aux personnes qui la portent ?
J’aimerais qu’elle inspire de la joie et du pouvoir ! De la légèreté et du fun avec les fraises, et de l’assurance avec les pièces léopard. Et la sensation d’avoir une allure folle avec le costume, sans même y avoir pensé !
Peux-tu nous dire quelques mots de la prochaine collection ?
On va tempérer un peu l’extravagance et retravailler nos classiques avec une nouvelle capsule denim. Deux ans après la première, nous revenons avec des pièces iconiques de nos collections dans un nouveau délavage, ainsi que des pièces en maille qui racontent une jolie histoire intemporelle.
Quelles sont tes intentions pour Make My Lemonade en 2022 ?
De toujours faire mieux, d’inventer des histoires toujours plus colorées et joyeuses, de proposer des nouvelles formes qui flattent le plus de silhouettes possible et de penser chaque pièce comme un coup de foudre potentiel pour les personnes qui croiseront le chemin de Make My Lemonade. Un grand programme !
Mode et séries : Pourquoi Fran Fine continue-t-elle de nous éblouir
Si vous scrollez régulièrement vos fils Twitter et Instagram, vous avez peut-être constaté ces dernières années un regain d’intérêt pour la star de Une nounou d’enfer, Fran Descher et pour son personnage Fran Fine. Cette passion serait-elle liée à la série, qui raconte l’histoire d’une ancienne représentante en cosmétiques qui débarque dans la maison très guindée du producteur de Broadway Maxwell Sheffield pour garder ses trois enfants ? Pas vraiment. Si cette série, diffusée entre 1993 et 1999, continue de faire parler d’elle, c’est plutôt pour les looks de Fran qui sont devenus cultes sur Internet. Des mini-jupes aux imprimés pied-de-poule en passant par les robes en vinyle, les manteaux de fourrure et les robes à gros pois, les tenues hautes en couleur de Fran fascinent et enthousiasment. Du compte Instagram What Fran Wore, sur lequel l’américaine Shanae Brown compile depuis 2016 les plus belles tenues de l’héroïne et essaie de trouver leur provenance, à The Nanny Art qui dresse des parallèles entre la silhouette de Drescher et de célèbres œuvres d’art, Une nounou d’enfer s’offre une deuxième vie.
La « Fran Formula »
Ce look iconique est né d’une collaboration étroite entre Fran Drescher, co-créatrice et actrice principale de la série et la styliste Brenda Cooper. Les deux femmes se rencontrent en 1991 sur le plateau de Princesses. L’actrice promet à celle qui est alors assistante styliste que si un jour elle a sa propre série, elle l’embauchera immédiatement. Après avoir vendu Une nounou d’enfer à la chaîne CBS, Drescher tient sa promesse. Cooper participe à l’élaboration du look de l’héroïne, Fran Fine, une jeune femme du Queens (New York) qui se retrouve dans un monde bourgeois dont elle ignore complètement les codes. Le rythme est effréné : la styliste doit imaginer une cinquantaine de tenues par semaine. Elle invente alors ce qu’elle appelle la « Fran Fine formula ». Dans une interview à Lenny Letter, elle décortiquait en 2017 sa façon de construire ces looks. « Je commençais toujours par une silhouette toute en noir : un col roulé noir, une mini-jupe noire, des collants opaques noirs et des talons aiguilles noirs. Ensuite, j’ajoutais des couleurs. J’ajustais toutes les tenues pour qu’elles s’adaptent parfaitement à son personnage. On raccourcirait les jupes pour qu’elles soient plus impertinentes, on rendait les hauts plus moulants, on changeait les boutons… » Elle réfléchit à chaque volume, à chaque détail, pour que les pièces semblent taillées pour Fran tout en mélangeant des trouvailles de friperie avec des vêtements de créateurs·trices (Moschino, Todd Oldham, Dolce & Gabbana, Nicole Miller…). Brown raconte avoir trouvé des tenues aussi bien dans les poubelles d’une autre série que sur les podiums.
« La costumière était très forte parce qu’elle partait d’un uniforme que plein de filles portaient dans les années 90, note Agnès Léglise, journaliste qui nous avoue que son fils s’amusait à l’époque de la diffusion de retrouver certaines des robes de sa mère dans Une nounou d’enfer. Mini-jupe, collants noir, cols roulés, pull noir, toutes les femmes portaient cet « uniforme ». Là-dessus, elle ajoutait des pièces incroyables. Sauf qu’à l’inverse d’une série comme Emily In Paris, où l’on voit bien que chaque tenue est très chère et invraisemblable, il y avait assez d’excentricité pour que ça ne fasse pas trop princesse héritière ! » Déjà très apprécié à l’époque, le look de Fran a traversé les décennies. Brenda Cooper, elle, est ravie que les vêtements continuent d’inspirer les millenials. « Cela tient beaucoup au fait que le personnage soit devenu culte, explique-t-elle à HelloGiggles. Je n’ai pas créé ce look pour qu’il soit à la mode. Ses tenues sont toujours portables aujourd’hui. Elles sont osées, colorées, elles disent quelque chose du personnage. Elles sont sexy. »
Elle n’a jamais honte, elle est fidèle à elle-même et ne se demande pas si elle doit s’adapter, ce que je trouve très cool
Un look hors du temps
Comment expliquer l’attrait d’une nouvelle génération pour Une nounou d’enfer ? Nawal Bonnefoy, journaliste et fan de vintage, qui tient un compte Instagram consacré à ses looks rétro, dresse un parallèle entre son attrait pour Fran et pour la chine. « J’aime son goût pour les couleurs pop, les motifs, les tailleurs cool et le maximalisme en générale, explique-t-elle. Ce sont des éléments que j’aime moi-même introduire dans ma garde-robe et vers lesquels je me tourne quand je chine. Souvent je tombe sur une pièce vintage et je me dis « Fran pourrait tellement porter ça ! » Mon amour pour son style fait écho à mon amour du vintage, d’autant que ce que Fran porte ne correspond pas forcément aux tendances actuelles, même si la série se déroule dans les années 90 et qu’on retrouve plusieurs codes propres aux nineties, le style de Fran flirte aussi avec le courant mod et les yé-yés des années 60 (ses ensembles Courrèges en vinyle), les 70s (ses sabots en patchwork par exemple), le power dressing des années 80… »
Les vêtements de designer de Fran déchaînent les passions sur les réseaux. Maylis nous explique rechercher activement la fameuse robe piano Moschino qu’elle a repérée sur un compte dédié aux looks de Une Nounou d’enfer alors qu’elle n’a elle-même jamais regardé la série. La conseillère en style et autrice de Dress like a parisian Aloïs Guinut nous explique que cette porosité entre style et mode ne date pas d’hier. Elle nous cite la fameuse coiffure de Rachel, si souvent demandée dans les salons de coiffure dans les années 90 et les looks preppy de Gossip Girl qui ont lancé une tendance dans les années 2000. « Ce qui est particulier avec les séries, explique-t-elle, c’est que les personnages ont le temps de développer leur propre style sur plusieurs saisons et peuvent de devenir des icônes de mode. Tout comme on se souvient du look de Jackie Kennedy, on se rappelle du look de Fran Fine ou Rachel Green. Et on a un catalogue de looks à disposition ! » Une manière d’en apprendre plus sur l’histoire de la mode à chaque épisode. « Une fashionista qui s’intéresse au revival nineties très couture et excentrique de Fran va pouvoir savoir quoi chercher en regardant ses tenues. Être dans une boutique vintage sans savoir ce que l’on cherche peut s’avérer assez compliqué. En étudiant le look de Fran on peut voir qu’elle portait tel look Moschino et s’orienter dans cette direction. Cela permet de naviguer dans le magma vintage et même retrouver des créateurs disparus que personne ne recherche ! » D’ailleurs, Fran n’est pas la seule héroïne dont le look fascine. « Parce qu’elle est accessible à tout le monde, la pop culture a une influence énorme sur notre manière de nous habiller explique Nawal Bonnefoy. Fran Fine est loin d’être la seule héroïne à inspirer les internautes. Buffy, Blair Waldorf (Gossip Girl), Rachel (Friends) ou Carrie Bradshaw (Sex and the City) ont toutes des styles plébiscités, analyses, reproduits, commentés, et ce des années après l’arrêt de ces séries. »
S’amuser avec ses vêtements
Lorsque nous demandons à ses fans ce qui plaît chez Fran, la réponse est un mélange d’admiration pour le personnage pour son audace. Beaucoup de femmes se souviennent d’avoir suivi ses aventures dans leur enfance, des étoiles dans les yeux. « Elle n’avait pas l’air d’avoir de soucis particuliers dans la vie, nous explique par exemple Fatoumata. Cette légèreté transparaissait. Ses jupes, ses robes, les couleurs qui attrapent l'œil et la coiffure toute en hauteur : tout criait "la vie est une fête !" et ça m'a fait comprendre qu'on pouvait s'amuser avec les vêtements ! » Pour Celia, Fran affirmait « beaucoup sa personnalité à travers ses fringues. J’ai toujours trouvé ça cool et intéressant, pas du tout superficiel ! » Depuis la diffusion, Brenda Cooper n’a quant à elle cessé de recevoir des lettres de femmes lui expliquant à quel point les vêtements de Fran avaient été d’une grande aide pour les aider à s’affirmer et à s’assumer.
Fran envoyait valser l’idée d’une féminité classique représentée par le personnage de C.C. « Elle incarne cette notion de fun, de savoir s’amuser et se faire plaisir et d’oser prendre de la place nous explique Margaux, grande fan de Fran. Je suis assez grande, j’ai des formes et parfois cela choque les gens que j’ai aussi l’audace d’avoir mon style, comme si je prenais déjà assez de place. Et c’est ce que j’aime dans le look de Fran, cet air de dire « oui, je prends de la place mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas pour les autres, je vis juste ma meilleure vie en m’habillant comme mes poupées. »
Transcender les classes sociales et le bon goût
Ses vêtements traduisent aussi un mépris pour une notion figée de « bon goût », comme nous le dit Tiphaine, une manière subversive d’être haute en couleur dans l’univers « beige » de Sheffield. Elle embarque avec elle son caractère de fille d’une famille juive du Queens et porte sa différence fièrement. « L’idée de bon goût dans le contexte de l’Upper East Side où elle travaille est très rigide, mais elle ne se remet jamais en question, souligne la journaliste Sarah Moroz. Elle n’a jamais honte, elle est fidèle à elle-même et ne se demande pas si elle doit s’adapter, ce que je trouve très cool. » La chanteuse November Ultra nous souligne aussi ce désir de faire de ses vêtements des « capes de superhéros ». Comme Fran. « Pour moi qui suis fille d’ouvriers, je me dis encore aujourd’hui que je n’ai pas la classe naturelle de certain·es de mes ami·es, alors je me dis que je suis Fran Fine et ça me convient ! Elle a ce côté « street smart », capable de composer des tenues incroyables avec n’importe quel vêtement. » Camelia dresse un parallèle avec sa propre mère, elle aussi issue de classe moyenne « voire précaire. » « Ma mère a toujours porté des tenues colorées, des grands talons, avec des cheveux parfaitement coiffés, et ça lui donne énormément de force et de charisme. Je trouve ça cool voire carrément féministe cette figure de femme qui, peu importe sa situation financière, reste elle-même, joyeuse, extravertie et digne ! »
Une icône féministe
Pour Angélique Haÿne, Fran restera pour toujours une icône féministe, « forte et indépendante ». Pour cette grande fan de la série, qui cherche à reproduire certaines des pièces emblématiques de la garde-robe de Fran en les cousant ou en les chinant, l’héroïne « utilise les codes de la mode consciemment ». Même si la série lui offre un destin assez conventionnel, un mariage et une grossesse, Fran est aux yeux d’Angélique « une femme qui utilise la mode comme moyen de combattre les hommes et les bourgeois » et qui l’a aidée à se « donner de l’assurance ».
Mais qu’est-il advenu de cette garde-robe qui fait rêver tant de femmes et qui a valu à Brenda Cooper de décrocher un Emmy ? Elle a fini chez Sony, qui a vendu cette mine d’or à une friperie. « Certaines personnes ont peut-être des vêtements dans leur garde-robe qui proviennent d’Une Nounou d’enfer sans le savoir… » explique Brenda Cooper à HelloGiggles. De ce côté de l’Atlantique, il ne nous reste plus qu’à écumer Internet pour essayer de ressembler à cette héroïne unique. Dont l’humour et la liberté ne cessent de faire des émules.
Rencontre avec Jennifer Padjemi
Si vous la suivez sur Twitter ou sur Instagram, vous la connaissez sûrement pour ses articles sur votre prochaine série préférée, pour ses analyses sociétales, pour sa connaissance très pointue des dix-sept saisons de Grey’s Anatomy ou pour sa vision personnelle et toujours juste de la pop culture.
Journaliste à Buzzfeed puis animatrice et créatrice du podcast Miroir Miroir (Binge Audio), Jennifer Padjemi passe aujourd’hui au long format avec la sortie d’un essai aussi érudit que passionnant, Féminismes et pop culture (éditions Stock), dans lequel elle analyse ce qui s’est passé sur nos écrans ces dix dernières années et les multiples manières dont la pop culture a changé notre manière de voir le monde.
Elle raconte aussi toutes ces héroïnes qui nous inspirent, d’Hannah Horvath de Girls à Cristina Yang de Grey’s Anatomy (forcément !) en passant par Beyoncé ou Aya Nakamura. On a parlé avec Jennifer de son amour pour la pop culture, de représentation, de sa passion pour les friperies, de mode et de son essai à lire absolument !
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Comment as-tu eu envie de passer au long format avec cet essai écrit à la première personne dans lequel tu analyses la manière dont la pop culture nous a fait avancer collectivement sur certains sujets de société ?
Ces sujets m’intéressent depuis que je suis étudiante ! Mon premier mémoire d’études, écrit il y a dix ans, portait sur la représentation des femmes dans les série et leur impact sur les téléspectateurs·trices et le second sur l’évolution des personnages noirs à la télévision et au cinéma. Pendant ma vingtaine, j’ai consommé la culture dans tous les sens du terme : musique, cinéma, séries… Pour moi c’est l’âge auquel chacun·e construit ses goûts, qu’ils deviennent plus clairs et précis, un moment de nos vies où l’on comprend l’impact qu’ils ont sur nous. Mon métier et cette consommation culturelle m’ont menée naturellement vers cet essai.
J’ai voulu en faire un essai personnel et journalistique qui part d’une expérience vraiment ancrée tout en l’appuyant sur des faits concrets. Je me suis beaucoup inspirée des essais anglo-saxons. En France, même si cela se fait de plus en plus, je continue à voir des autrices qui ont du mal à parler d’elles. Pour moi il faut réussir à se raconter soi sans en faire une histoire autobiographique. Le but ce n’était pas de raconter toute ma vie personnelle mais de voir comment la pop culture est à la fois une expérience personnelle et globale.
Quelle importance la pop culture a-t-elle eu pour toi dans ta construction ?
Je pense que la pop culture peut vraiment changer notre perception de l’amour, de l’amitié, de nous-même, de l’estime de soi…Elle m’a permis d’envisager le monde autrement. Je peux même dire qu’elle m’a sauvé la vie : elle a répondu à beaucoup de mes questions, comme si les scénaristes ou réalisateurs·trices avaient écrit telle série ou tel film pour moi et que je me reconnaissais enfin.
La pop culture peut aussi être thérapeutique, elle permet d’en apprendre plus sur des situations que nous n’avons pas vécues personnellement.
J’en parle plus longuement dans l’essai, mais j’ai par exemple beaucoup appris sur les questions LGBT+ et sur une vision du couple moins normative. Les œuvres inclusives nous ouvrent d’autres horizons et déconstruisent nos idéaux.
Lorsqu’on a vu Hannah Horvath, le personnage principal de la série de Lena Duhnam Girls arriver sur les écrans, ça a été une révolution.
Tu parles aussi plusieurs fois de ton rapport au féminisme. S’est-il construit au contact de certaines héroïnes fictionnelles ?
Je ne suis pas devenue féministe grâce à des héroïnes de séries ou de film mais elles m’ont permis de comprendre qu’il était possible d’être une femme indépendante, de parler de sexualité sans être considérée comme une « salope », de penser à sa carrière, de sortir des codifications hétérosexuelles, de déconstruire des codes imposés depuis le plus jeune âge. Je pense que plus on aura des œuvres qui vont dans ce sens, plus les enfants d’aujourd’hui seront les féministes de demain ! Et elles auront tout compris ! Ma génération a eu tout cela assez tardivement, nous avons été obligées de nous construire dans un monde où les femmes ont un rôle défini par rapport à leurs corps, leur sexualité…
Le fait de voir des personnages féminins forts et intéressants m’a aidée mais je veux aussi mettre un bémol sur le terme « fort ». Des personnages comme Buffy, que j’adore par ailleurs, a pu nous donner l’impression qu’il fallait être « badass » pour être acceptée par la société. Pour être une bonne féministe, il faudrait taper du poing sur la table… Alors qu’il est possible d’être féministe et vulnérable, d’avoir des contradictions. Voilà pourquoi j’aime tant Cristina Yang dans Grey’s Anatomy, parce qu’elle n’est pas présentée en miroir d’un homme et qu’elle contredit toujours ce que l’on pourrait attendre d’elle. Je pense qu’il faut englober beaucoup plus dans le féminisme les parcours et les expériences qui n’entrent pas dans l’image de la femme forte, badass, guerrière…
Tu as animé un podcast sur la beauté et le rapport au corps, une thématique très présente dans ton essai, qu'est-ce qui t'intéresse dans la manière dont les corps sont perçus par la société ?
La pop culture a été la pionnière dans la représentation de corps normés et normatifs. Le personnage principal ou le love interest est toujours une belle fille blonde, mince… C’est à la fois un fantasme pour les hommes et un idéal de la fille à qui on devrait vouloir ressembler. On a toutes grandi avec cette image qui ne ressemblait pas à ce que l’on voyait dans le miroir. On se rend compte alors que personnage qui nous ressemble le plus dans un film ou une série c’est celle qui est moins aimée, qu’on ne calcule pas, qui aime un garçon qui ne l’aime pas en retour… Dans la construction du corps et de l’apparence, ça a été vraiment fatal. Même les personnages féminins qui ont été intéressants et ont changé la vision du féminisme sont dans une norme très classique : les filles de Sex and the City, de Grey’s Anatomy… Lorsqu’on a vu Hannah Horvath, le personnage principal de la série de Lena Duhnam Girls arriver sur les écrans, ça a été une révolution. Aujourd’hui, cela nous paraît fou parce qu’elle a le corps de la majorité des femmes, elle fait la taille de pantalon la plus achetée en magasins. Mais même moi à l’époque je trouvais qu’elle se mettait nue pour un rien, je ne comprenais pas pourquoi elle le faisait, alors qu’elle a participé à habituer notre regard à voir d’autres corps.
Si on va au-delà de la pop culture, la mode a été est est toujours l’industrie la plus grossophobe au monde. Elle nous a fait croire qu’il fallait rêver sur des corps sans hanches, sans formes, en embauchant des mannequins de 14 ans. Tout cela a aussi eu un impact sur nos manières de nous estimer, d’envisager ce qu’est un corps beau. Encore aujourd’hui j’entends des gens me dire qu’une femme est « bien foutue ». Pour qui ? Pour quoi ? À partir du corps, on peut vraiment parler de tout : de nous, des autres, de la société.
Les tenues de Lena Dunham dans Girls étaient toujours très commentées au moment de la diffusion de la série…
Oui et ce qui me désole c’est que je trouve qu’elle ne s’habillait pas très bien ! (rires) Il y a une manière de pouvoir non pas cacher mais valoriser ces corps qui ne sont pas vus dans la société que je trouve très bien faite dans d’autres séries comme Shrill ou dans Drop Dead Diva. Shrill est une superbe série parce que le personnage joué par Aidy Bryant est bien dans son corps, elle s’habille bien et le travail de stylisme est superbe. Ce sont les autres qui lui renvoient que son corps est un problème.
Le style a un rôle dans les séries et les films, il n’est jamais anodin.
Tu parles notamment dans ton essai d'Insecure, et justement dans cette série beaucoup de choses passent dans les vêtements, que ce soit par les messages politiques sur les t-shirts/sweats de l’héroïne, ou par des clins d'œil à la communauté noire de LA... C’est un aspect qui t’intéresse ?
Oui et je trouve que c’est une série vraiment contemporaine, notamment en termes de mode. La styliste de la série, Ayanna James, imagine l’évolution des personnages à travers la manière dont ils se situent par rapport à leur boulot. L’héroïne, Issa, est une personne politisée, qui s'intéresse aux œuvres d'auteurs afro-américains, qui travaille dans le social, elle porte donc des vêtements qui vont avec son métier : beaucoup de vintage, des habits de petits créateurs mélangés avec des pièces plus accessibles. Molly, sa meilleure amie, est avocate, elle doit toujours être "présentable", en costume ou avec des tenues de marque. Quand Molly sort avec Andrew dans la saison 4, elle se libère de son travail, elle est plus à l’aise et cela se voit dans sa manière de s’habiller. Issa aussi se lâche quand elle quitte son travail. La libération passe par les vêtements. Elles s’habillent aussi différemment selon les endroits où elles vont.
La styliste met un point d'honneur à montrer la communauté noire à travers les vêtements et l'apparat. Quand Issa et Molly mettent un bonnet dans leurs cheveux par exemple, la scène est très réaliste : toutes les femmes noires ont un bonnet de nuit. C'est une série qui réussit le pari de mettre la mode au bon endroit.
Justement tu parles du fait que tu as dû grandir dans un monde où tu ne te voyais pas à l'écran en tant que femme noire. Est-ce que ton rapport à la mode a souffert de ces représentations ?
Oui il y a quelque chose de très « hors sol » dans des séries comme Gossip Girl, que je revois en ce moment. C’était un défilé à chaque scène ! Dans Sex and The City elles sont aussi toujours très bien habillées avec leurs escarpins Manolo Blahnik.
J’ai grandi avec cette idée d’inaccessibilité, de me dire que je ne pourrai jamais me payer des vêtements comme ceux-là. Même si j’avais un jour beaucoup d’argent je ne sais pas si moralement je me dirai que je vais m’acheter un sac à 3000 euros ! On nous a imposé l’image d’une femme toujours chic, apprêtée, qui s’habille chez des créateurs et qui est irréaliste par rapport à nos vies.
Et toi comment décrirais-tu ton rapport à la mode ?
Mon rapport à la mode évolue, il est désormais lié à l’écologie. Je réfléchis quand j’ai envie d’acheter une énième robe que je ne vais plus porter dans deux mois, j’essaie d’aller vers les petites marques, vers la slow fashion. Quand on met 160 euros dans un vêtement ce n’est pas pour qu’il finisse à la poubelle l’année suivante ! Je réfléchis à mettre plus d’argent dans un vêtement mais à en acheter moins.
De mon côté, je vais énormément dans les friperies depuis dix ans. Je réfléchis aussi au fait que j’ai un corps fluctuant. J’ai envie d’avoir des vêtements qui correspondent à différentes étapes de ma vie et de mon corps, sans être obligée d’en changer. Parfois je repense à ce que je portais quand j’étais plus jeune, et je me rends compte que je ne mets plus certains habits serrés ou courts. Même pas parce que je n’en ai pas envie mais par rapport au fait que j’ai plus conscience de mon corps à l’extérieur et du harcèlement de rue. À Paris, tu sais que tu ne seras pas à l’aise si tu portes un décolleté, que les hommes feront des remarques. On nous fait croire que certains vêtements ne doivent pas être portés alors que ce sont les hommes qui ont construit leur imaginaire par rapport à des habits qui seraient plus sexy que d’autres. C’est d’autant plus le cas pour les femmes noires : il y a un jugement qui est posé sur nos corps, comme s’ils étaient par essence considérés comme sexy.
Dans tous les cas, j’adore la mode et elle me définira toujours. Dans les communautés noires, elle est très importante. J’ai grandi avec des parents qui s’habillaient très bien. Pour nous il y a quelque chose qui se joue de l’ordre de la survie. Quand on nous voit, en plus de notre couleur de peau, on regarde comment on est habillés. C’est un mélange d'assimilation, de vouloir bien se faire voir, de vouloir être respectable. Et ça se véhicule de parents à enfants
Tu parles de ton amour pour le vintage, est-ce que tu as de bonnes adresses de friperies à nous recommander à Paris ?
La friperie s'est beaucoup gentrifiée et pas mal de petites adresses deviennent hors de prix. S’il y a une sélection, une personne passionnée derrière qui peut te dire l'histoire des vêtements j’accepte que les prix soient plus élevés. Par exemple j'adore La Religeuse dans le 19ème, une boutique tenue par une passionnée. Ce n’est pas donné mais il y a tout le service qui va avec : on discute, elle offre un thé, elle conseille des styles... Elle s'intéresse aussi aux grandes tailles ce qui est rare.
Guerisol reste une valeur sûre. Ils ont gardé des prix très raisonnables, même si je trouve qu’avant la sélection était meilleure. Je trouvais des robes de folie à 2 euros !
Kiloshop est aussi encore intéressant parce que tu peux trouver des perles.
Sinon Le Coffre à Ménilmontant, les prix sont raisonnables et ils sont hyper sympa !
Rencontre avec Marie Rouge
Dites, il ferait pas un peu gris ?
L’ambiance ne serait-elle pas un peu, hmm, morose ? SKIP that !
Chez Make My Lemonade on s’est dit qu’en ce début de mois de février on allait mettre un peu de paillettes dans vos vies. Allez hop, on va chercher le positif où il se trouve : un beau bouquet de mimosas ça met du soleil dans le quotidien, on fait des crêpes, c’est pas grand chose mais en 2021 ça paraît déjà pas mal.
Dans cette lignée feel good, aujourd’hui on continue notre série de portrait de femmes inspirantes, de femmes qui nous font du bien, de femmes hautes en couleur. Ce sont ELLES qui font nos collections, qui nous inspirent. Nous avons à cœur de vous les présenter.
Aujourd’hui, on a rencontré Marie Rouge, une photographe tellement douce, tellement bienveillante et au style tellement multicolore. Son quotidien se partage entre portraits pour Libération, photos de manifs, soirées LGBTQI+, backstage chez Chanel…
Son style : des couleurs, des sequins, de l’audace, de l’excentricité, le tout, enrobé
derrière une grande timidité. On espère que ses mots vous iront droit au cœur.
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Peux-tu nous dire qui es-tu, où tu as grandi, quel est ton parcours ?
J’ai 29 ans, aujourd’hui je vis à Paris et je suis photographe. J’ai grandi en Basse-Normandie, en pleine campagne.
Au milieu des chèvres, des juments, des lapins, des poules. Ma mère était prof et mon père boulanger. J’étais ce qu’on appelle une « enfant sauvage ». J’adorais construire des cabanes, inventer des chansons, faire du vélo…
Après mon Bac, j’ai fait un an aux Beaux-Arts de Rennes, puis encore un an en fac d’Arts Plastiques à Montpellier.
Mais j’avais profondément envie de Paris. Alors, j’y suis allée. J’ai trouvé un apprentissage à la Réunion des Musées Nationaux pendant 3 ans. C’était marrant. J’ai bossé sur plein de trucs. En fait, je retouchais des photos, comme la vague d’Hokusai. J’ai travaillé sur des sculptures, des Picasso… En parallèle, je sortais dans des soirées LGBT et je faisais des photos. J’ai commencé à réaliser des projets persos aussi. C’était très enrichissant !
J’ai aussi été photographe au Musée de l’Armée, je faisais des retouches pour Hermès…
Depuis 5 ans, je suis freelance. Je bosse pas mal pour la presse : Libération, Télérama, Causette, Néon, Marie Claire, Grazia, Usbek et Rica… Mais aussi pour la mode : Chanel, LVMH. Et des éditions.
Pourquoi as-tu choisi de devenir photographe ? Qu’est-ce qui te plaît dans ton métier ?
Dans mon enfance, j’empruntais beaucoup l’appareil de mon père. Je faisais notamment des autoportraits, aka les débuts du selfie, mais je n’avais que moi sous la main à l’époque. Je dois dire que ce passage m’a aidé à me sentir belle, à prendre confiance en moi, c’est plus qu’une anecdote.
Ensuite, j’ai pris en photo mes amis du lycée… Et je n’ai jamais arrêté.
C’est ma manière d’aller vers les autres. De rencontrer des gens. Je suis quelqu’un d’assez timide, donc ce qui me plaît dans mon travail c’est que ça me permet d’avoir une approche différente. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est de couvrir une manif, puis de faire un défilé Chanel, de rencontrer un cinéaste incroyable…
Ce tourbillon est vraiment grisant
Ma mère me laissait m’habiller toute seule, et être qui j’étais. J’avais des baskets argentées, une veste en fausse fourrure rose. Je cousais mes habits. J’ajoutais des perles. J’adorais ça !
Ton amour pour la mode, c’est une transmission familiale ? Quelque chose que tu as développé toute seule ?
Quand j’étais petite, j’adorais me déguiser. Je faisais des spectacles (pour personne d’autre que mes parents). D’ailleurs, je voulais être chanteuse ! Je piquais les vêtements de ma grand-mère et à moi les talons, la fourrure, le maquillage. Je me prenais pour une grande dame.
Après en grandissant, j’adorais pimper les autres. J’avais des potes qui se maquillaient pas du tout, pour moi c’était un jeu. J’adore rentrer dans un personnage.
Je lisais énormément la presse féminine aussi. Genre « 20 ans » sauf que j’en avais 10, j’achetais Glamour. C’était une manière de m’extraire de la campagne, de rêver à une autre vie, à Paris, avec des gens sophistiqués, en me disant qu’un jour, peut-être que j’en serais.
Petite, j’étais déjà assez excentrique. J’étais la première à porter des Buffalo, des slims. Je dénichais ça sur Internet et tout le monde me regardait mais 6 mois plus tard tout le monde portait ça. J’étais « L’Originale ».
J’ai jamais changé mes habitudes, même si ça me heurtait. Ma mère me laissait m’habiller toute seule, et être qui j’étais. J’avais des baskets argentées, une veste en fausse fourrure rose. Je cousais mes habits. J’ajoutais des perles. J’adorais ça !
Comment décrirais-tu ton style ? Comment tu t’habilles ? Chez qui ? Qu’est-ce que le vêtement représente pour toi ?
Je pense que je suis bling mais rétro. J’aime tout ce qui brille. Il y a un mois on m’a offert une paire de chaussures dorée, je me suis rendue compte que j’en avais genre 8 paires dans mon dressing déjà. Sinon, je suis très vintage. J’essaye d’éviter la fast fashion à mort, même si pour certains trucs y’a pas le choix.
Je vais surtout dans des fripes, des vides greniers. Je préfère Le Bon Coin à Vinted où je me fais trop avoir. Je suis une grosse chineuse. J’ai des lubies. En ce moment, je cherche un porte-carte Hermès par exemple. A chaque fois que je vais à l’étranger, je vais dans des friperies et de ramène des trucs de dingue. Au Japon une veste d’homme, à New York un trench Dior. J’ai même trouvé des pièces Make My Lemonade !
Les fringues ça occupe une bonne partie de ma chambre, ça déborde des meubles… Je trie peu parce que y’a des moments où j’ai envie de m’habiller de telle ou telle façon.
En ce moment j’ai des envies de veste de costume d’homme, de derbies, super boyish parce que j’ai regardé le docu sur Fran Lebowitz. Ce que je regarde peut m’influencer en termes de style. Quand j’ai regardé « Carol » par exemple, j’avais envie de fringues vintage.
Quand j’ai regardé la saison 4 de The Crown, j’avais envie de m’habiller comme Lady Di. Après, si je vois un manteau en laine rose pétant dans la rue ça peut m’inspirer aussi !
J’ai toujours tout osé quand j’étais jeune dans la campagne…
À Paris, le regard des gens je ne le vois pas.
Je m’en fous.
Le féminisme et la mode, c’est conciliable ?
Y’a beaucoup de feminism washing en ce moment. Mais je trouve que les marques font des efforts par rapport à la représentation, et c’est important qu’elles se saisissent de cet enjeu. Les clientes ont envie d’être reconnues.
Aujourd’hui, on voit enfin des modèles noires, arabes, indiennes, rondes, avec des tâches de naissance, des boutons… C’est important. Alors oui, c’est un passage obligé, c’est du marketing, de la com, mais ça n’empêche que ça reflète un changement dans la société, la mode reflète toujours des changements donc je pense que c’est positif.
Il y a suffisamment de choses sur lesquelles s’offusquer je pense, dans ce monde-là, les copies, les dérapages, pour ne pas apprécier les avancés, quand il y en a.
Quel est ton rapport au féminisme ?
Aujourd’hui je suis une féministe assumée. Ma mère était féministe. A l’époque, en tant qu’ado, je voyais ça d’un mauvais œil haha ! Heureusement, j’ai changé. Je me suis sensibilisée. J’ai lu King Kong Théorie, ça m’a retourné le cerveau.
Je m’intéressais au Riot Grrrl. J'ai rencontré mon amie artiste peintre Elena Moaty (@elenamoaty) , je lui dois beaucoup, on a eu beaucoup de discussions, elle m’a déconstruite. C’est ces conversations-là qui m’ont ouvert les yeux sur ces problématiques.
Ça m’a fait me rendre compte que oui, c’est la merde, oui il faut s’unir. En tant que photographe, je me dis que ce que je peux apporter c’est les représentations. Dans mes projets persos, j’essaye de représenter mes modèles avec le plus d’humanité possible. Souvent, je choisis des personnes minorisées mais c’est naturel enfait.
Je fais au feeling. Un visage qui m’inspire c’est souvent quelqu’un de différent, une gueule.
As-tu des sources d’inspiration dans la mode, le cinéma, la photo ? Quelles personnalités admires-tu ? Quels personnages t’inspirent ?
Dans la littérature c’est basique mais Virginie Despentes m’inspire énormément. Les écrivaines qui ont émancipé la parole des femmes en règle générale. Comme Annie Ernaux. Elles m’ont aidé à vivre. Sinon, dans le cinéma, Céline Sciamma a vraiment changé la donne en termes de représentation que ce soit une gamine qui se questionne sur son genre, des films lesbiens, les banlieues. Sinon j’écoute beaucoup de podcasts ! C’est ma vie. J’en écoute à longueur de journée. Quoi de meuf, La Poudre, Les Couilles sur la table…
Que je sois en retouche, en train de faire la vaisselle, j’ai toujours quelque chose dans les oreilles
Ton top 3 des pièces dans ta garde-robe ?
De la taille haute ! Jean, jupes, shorts… J’ai aussi beaucoup de bodys. Je trouve ça tellement agréable à porter. Je porte même des maillots de bain une pièce en body. Et j’adore les combinaisons…
Sinon en termes de top 3 de haute qualité que j’adore il y a : un carré Hermès avec des bateaux dessus. Je me sens tellement puissante quand je le porte. Mythique ! Sinon j’ai une robe à sequins multicolore absolument démente. Elle vient de la friperie rue du roi de Sicile (Room 33). Et enfin, une paire de cuissardes en daim Marc Jacobs que j’ai payé 50 balles à New York qui me fais sentir tellement sexy quand je la porte.
Une pièce que tu rêverais de mettre mais tu n’oses pas ?
Ça n’existe pas ! J’ose tout. J’ai toujours tout osé quand j’étais jeune dans la campagne… A Paris, le regard des gens je ne le vois pas. Je m’en fous.
Tes comptes instagram préférés ?
Deux photographes qui m'inspirent beaucoup @marcinkempski et @chogiseok
@CamillaMengstrom (un compte qui fait du bien : une artiste peintre qui fait des danses de la joie)
et parce qu'instagram manque de poésie : @OmarExacoustos
Enfin, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour 2021 ?
Des belles rencontres, du travail, c’est vraiment ce qui me rend ultra joyeuse et que le monde aille mieux
(mais ça fait très Miss France nan ?!)
Merci à Marie d'avoir répondu à nos questions !
Pour suivre le travail de Marie Rouge, rendez-vous sur son compte Instagram @lesjouesrouges !
Crédit photo bannière : Dorian Prost
Rencontre avec Valerie Rey-Robert
L’ADN de Make My Lemonade est composé de femmes.
Des femmes fortes.
Des femmes assumées. Des femmes militantes. Des femmes qui ont de la répartie. Le bon mot. Des femmes qui ont vécu des épreuves difficiles. Des femmes au style étonnant, parfois. La personnalité s’affiche, souvent, jusque dans la façon de se vêtir.
Ces femmes-là, et toutes les autres sont notre source d’inspiration.
Pour continuer notre série de portraits, on a interviewé Valérie Rey-Robert. Féministe, écrivaine, militante, vous la connaissez peut-être sous le nom de son blog « Crêpe Georgette ».
Aujourd’hui, c’est sous son « vrai » nom qu’elle prend la parole, sur Twitter beaucoup, mais aussi avec sa plume comme dans son livre « Une culture du viol à la française » parut en 2019.
Sur Instagram, elle affiche sa passion pour la mode des années 30 et 40, elle adore le rose de Jacquemus, et son franc parlé est en passe de devenir une signature.
On était très intimidé à l’idée de la rencontrer et elle s’est dévoilée sur ce qu’elle aime, ses plaisirs, ses fantasmes, son histoire et même, ses adresses confidentielles. Rencontre.
Peux-tu nous dire qui tu es, où tu as grandi, quel est ton parcours ?
Je suis née à Romans sur Isère, j’ai 46 ans, j’ai une maîtrise d’Histoire et un DESS Communication. J’écris sur le féminisme depuis 2001-2002. A cette époque, on considérait que le web n’était pas « sérieux », il fallait passer par le papier. J’écrivais sur féministes.net, et puis j’avais ce qu’on appelle « le complexe de l’imposteur. »
Comment et pourquoi as-tu créé ton blog Crêpe Georgette ? Quel message voulais-tu faire passer ?
C’était en 2008, j’avais besoin d’une bulle d’oxygène. Ce n’était donc pas un blog féministe à la base ; il l’est devenu peu à peu. Je ne viens pas du tout d’un milieu féministe à la base. Mais je le suis devenue complètement
C’est quoi ton lien au féminisme ?
(TW : violence et viol)
Je n’ai pas mis tout de suite un mot sur le féminisme. A 18 ans, j’avais des relations avec des hommes. J’étais dans un foyer. Je vivais un véritable slut shaming comme on dit aujourd’hui. Cette année-là, j’ai été violée. Un viol « idéal », par un inconnu, avec un couteau. J’ai ressenti aucune culpabilité. C’est les réactions autour de moi qui m’ont fait culpabiliser. On te sort « tu l’as cherché, tu mens ». A partir de là, je me suis dit que ce n’était pas normal. Mais je n’ai pas mis le mot féminisme sur mes réflexions. Ensuite en 1999, je suis allée sur le seul forum féministe français qui s’appelait Les Chiennes de Garde ; je ne sais plus du tout pourquoi j’y suis allée
Récemment, tu as décidé de ne plus utiliser de pseudonyme et de prendre ton vrai nom, pourquoi cette levée soudaine d’anonymat ?
J’ai sorti un livre (« Une culture du viol à la française », Libertalia) donc j’ai été obligée pour des raisons de promotion
J’ai du mal à savoir si c’est « trop voyant » ou pas.
J’aime les imprimés fleuris. J’ai une PASSION pour le rose.
Quel est ton rapport à la mode ? C’est quelque chose qui t’a toujours fascinée ou tu t’en foutais un peu ?
Y’a-t-il eu une transmission familiale ?
Ma mère était une grande passionnée de mode. Et je le suis aussi. Une passionnée de mode vintage, de mode ancienne, j’adore les vêtements des années 30-40. La mode est un éternel recommencement, on a beaucoup repris les codes des années 40 dans les années 80 par exemple. Sur Instagram je ne suis que des américaines spécialistes de la mode des années 1930 et 1940. Après je suis abonnée à des groupes Facebook, je regarde ce qui se fait. J’aime chiner dans les brocantes, dans les puces.
J’aime cette période parce que les formes sont très intéressantes. Larges épaules, taille marquée, les tissus qui tombent parfaitement. Je déplore qu’aujourd’hui il y ait si peu de couleurs, d’imprimés.
J’aime : les bijoux. Je n’ai jamais trop de bijoux. Je les aime massifs. J’ai du mal à me limiter là-dessus !
J’ai du mal à savoir si c’est « trop voyant » ou pas. J’aime les imprimés fleuris. J’ai une PASSION pour le rose. Celui qu’a créé Jacquemus c’est la plus belle chose que j’ai vu depuis bien longtemps !
Ton icône mode ?
J’adore Catherine Baba. Dans cette époque assez terne, elle m’évoque un rayon de soleil.
On peut conjuguer féminisme et mode tu crois ?
On ne peut pas nier qu’historiquement, on a poussé les femmes à s’habiller d’une certaine manière. Au final, si on a envie de s’habiller pour plaire, c’est pour plaire aux hommes. Et il faut arriver à se détacher de ça. C’est aussi une perte de temps, d’argent. D’un autre côté, le féminisme ce n’est pas un combat qui me fait du bien.
La mode pour moi, c’est une parenthèse enchantée. Pour moi, il n’y a pas de lien. Par contre, la mode qui se tourne vers le féminisme, j’appelle ça du féminisme washing
Quelle relation entretiens-tu avec ton corps ?
Penses-tu qu’aujourd’hui on a changé dans notre rapport mode/sexualisation des corps féminins ?
Penses-tu qu’il y a eu une révolution autour du genre et de l’acceptation de soi ?
Je pense que la grossophobie est la discrimination la moins bien comprise. On cache ça derrière une question de santé mais c’est une discrimination très genrée, malgré le fait qu’il y ait aussi des hommes gros. La plupart des personnes opérées sont des femmes. On mélange, je pense, le body shaming avec la grossophobie. On m’a souvent dit « On ne fait pas votre taille en magasin. » Mais je ne suis pas grosse. Aujourd’hui, le mouvement bodypositive a été réapproprié par des filles vaguement rondes mais c’est invisibiliser les femmes grosses. L’autre chose paradoxale c’est que l’injonction patriarcale sur la beauté a été reprise dans le féminisme où l’on n’arrête pas de dire que tout le monde est beau. C’est dur quand même non ? On a le droit de pas être « beau ».
Je l’ai vécu cet été avec ma mère, très abimée par la maladie. Ce n’était pas forcément beau tu vois. On vieillit, on perd du poids. Elle avait le ventre gonflé. Il faut accepter ce corps qui n’est plus vraiment celui de sa mère. Ça fait pas mal relativiser l’idée de beauté.
Ton top 3 des pièces inaccessibles ?
Un manteau Gucci blanc cassé qui vaut dans les 2500 euros (une folie). Il est en laine, avec une martingale de toute beauté, il est droit, sobre, parfait.
Ensuite, ce n’est pas vraiment pour le mettre, mais plus pour le regarder, le toucher, c’est une robe portée par Marylin Monroe. Il y a eu une vente aux enchères récemment…
Enfin, ce n’est pas inaccessible mais des bottes Yves Saint Laurent vintage. Et je triche, en bonus j’adorerais m’offrir un gros bracelet Maison Gripoix pour Chanel, mais ça part à des sommes folles
As-tu une pièce que tu rêverais de mettre mais tu n’oses pas ?
J’adore les shorts taille haute années 40, mais je n’oserais pas parce que ça ne va pas avec mon âge je pense. J’avais parlé sur Twitter d’un cardigan qui me faisait envie sur un site et au final… Sur une fille de 20 ans ça passe mais sur moi on dirait tout de suite le Père Noël est une ordure !
Des adresses, bons plans à conseiller ?
Chez PouPoule, rue de Charonne et Mamz’Elle Swing aussi, rue du Roi de Sicile.
Sur Instagram je suis pas mal de vendeuses aussi, on peut m’envoyer un petit message si besoin. Enfin, j’achète aussi beaucoup sur Vinted et sur Vestiaire Co.
Retrouvez Valérie Rey-Robert sur son blog, son compte Twitter et sur Instagram.
« Une culture du viol à la française » éditions Libertalia - 18 euros
« Le sexisme, une affaire d'hommes » éditions Libertalia - 18 euros
New year new start
NEW YEAR
NEW START
Quelle année 2020 nous avons passée à vos côtés !
Nous avons envie de garder en tête que le meilleur !
Quelle année 2020 nous avons passé à vos côtés ! Nous avons envie de garder en tête que le meilleur ! Et le meilleur commence avec notre philosophie de vie, le mantra qui coule dans nos veines depuis le début ! Quand la vie te donne des citrons, fais-en de la lemonade. Alors voyons le verre à moitié plein, 2020 aura été l’année où nous avons le plus grandi, l’année où le contexte nous a obligé à nous réinventer. Il y a eu l’urgence de produire mieux qui nous anime depuis 5 ans, mais surtout l’urgence de mettre tout cela en marche et d’essayer de nouvelles choses.
2020 nous aura permis de lancer nos premiers produits en précommande et ainsi de fabriquer uniquement les quantités vendues.
Cette année a aussi été le moment de lancer Frida notre plateforme de location, une nouvelle façon de consommer notre mode et de ne plus jamais avoir des pièces qui dorment dans vos placards !
Mais surtout le grand virage de 2020 a été opéré en septembre avec le nouveau rythme de nos collections. Comme beaucoup nous avons eu du temps pour pousser une réflexion intense sur la fréquence et la profondeur de nos collections.
Nous sommes passés de 50 références à 15 sans perdre l’essence même de Make My Lemonade. Un sacré pari. Nous voulions faire moins pour mieux maîtriser la production, les détails, et que nous puissions mieux vous montrer chaque vêtement et comment les porter avec des pièces que nous avions dans nos placards. Les collections sont plus petites mais plus fréquentes, et les histoires toujours différentes.
Nos basiques twistés goût citron !
En vous montrant les différentes façons de porter nos vêtements nous nous sommes rendus compte que souvent nous vous présentions les pièces avec des basiques intemporels qui selon nous devraient être la base d’un vestiaire épanoui.
C’est comme ça qu’est arrivée l’idée de cette collection : Lemonade Absolue. Et si nous imaginions nos basiques twistés goût citron ? Toute la team et les ami-e-s qui gravitent autour du pôle création, ont donné leurs graals vintages, leurs fantasmes modes, les idéaux matières et tout-e-s ensemble, ielles ont imaginé cette collection de pièces rêvées, que l’on pourra porter avec tout, longtemps, et même quand il sera temps un jour de léguer aux futures générations.
T-shirt de concert tout doux parce que tellement lavé, Blouse romantique mais pas transparente, petite robe noire mais dans laquelle on ne se sentira jamais coincée ou déguisée, trench fluide mais pas gris ou beige, mais qui pourrait aller avec tout… Cette collection a été inspirée par vos retours lors de nos 3 façons de porter du Make My Lemonade et créée par une team citron survitaminée pour bien commencer cette nouvelle année.
Rencontre avec l'artiste Lucy Tézier Freuchet
L’artiste Lucy Tézier Freuchet signe le motif de la collection Sweet Home, rencontre avec une artiste singulière qui dépasse du cadre.
Découvrez son parcours, ses inspirations et sa méthode de travail.
Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?
Je m'appelle Lucy, j'ai 27 ans, j'habite entre Paris et Los Angeles. En 2015, je termine mon diplôme supérieur en Arts Appliqués en Design Mode et Textile, avec une furieuse envie de peindre. Cette envie ne m’a jamais quittée depuis.
Au démarrage d’un projet, as-tu un processus créatif très précis, une sorte de rituel ou est-ce à chaque fois différent ?
Je dessine beaucoup de rythme. Si mes peintures montrent souvent de grandes formes pleines, mes recherches sont essentiellement d’un trait naïf, jeté sur le papier sans réfléchir. Je remplis des carnets de croquis abstraits, marqués avec beaucoup de plaisir et de liberté. Comme pour fixer une sensation dans la composition, tout en cherchant de nouvelles combinaisons colorées. Ce processus peut être infini, c’est comme un jeu. Quand on regarde ces dessins, ils peuvent paraître très enfantins. Je crois que j’aime bien cette idée.
As-tu un souvenir artistique (une forme, une couleur...) qui remonte à l’enfance qui résonne aujourd’hui dans ton travail ?
Ce qui résonne principalement dans mon travail, c’est la nature et les grands espaces de mon enfance. La répétition de certains éléments comme les bottes de foin dans les champs, les dunes ocres de Mauritanie, la Californie et ses collines dorées, l’odeur matinale de la forêt humide dans le nord de l’Inde... Toutes ces formes réapparaissent par vagues dans mon travail. Quand j’observe une plante ou un paysage, j'en déduis directement des aplats de couleurs. C’est automatique, je les peins dans ma tête de façon abstraite en continu.
Selon toi, quel a été le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?
D'oser
Comment as-tu imaginé le motif pour Make My Lemonade ?
Il me semble que notre idée de collaboration naît avec cette grande toile de fleurs colorées que j’ai réalisée en Californie en 2019. Séduite par l’inépuisable fraîcheur des collections de Make My Lemonade, j’ai tout de suite été enthousiaste à l’idée de croiser nos deux univers.
Le motif est apparu assez simplement et naturellement. Au moment de peindre ces fleurs je fais beaucoup d’aller-retour à Marseille. Toute la gamme de recherche est d'ailleurs gorgée de la lumière de cette ville. Je crois qu’on avait mutuellement envie d’un motif réconfortant et doux, qui pouvait vivre avec le vêtement.
Mon outil de prédilection est une
spatule de chantier !
Dans ton travail on sent une préférence pour les grands, voire très grands formats, c’est depuis toujours cette envie d’immense ?
Oui, depuis toujours ! Je dirais même que c’est un effort pour moi de faire autrement. Ma première série de toiles est déjà “ plus grande que moi ”. J’aime pouvoir bouger, reculer, me confronter à une autre échelle, marcher sur mes toiles, observer et attendre que la peinture sèche...c’est comme une danse dans l’atelier.
Même si j’admire généralement des peintres qui en sont capables, je suis loin d’être statique, assise derrière un chevalet à repasser sur un détail au pinceau. Pour moi la peinture, c’est sportif. Je peins des fleurs à perte de vue, je cherche un feeling: il faut que ça me dépasse. J’essaie de cultiver cette sensation en permanence.
Travailles-tu par période en terme de couleurs ou en fonction des humeurs ?
J’ai des couleurs de prédilection. Évidemment je suis directement influencée par la qualité de la lumière et de mon environnement. Ces gammes peuvent être très différentes en fonction de l’endroit où je me trouve. C’est une véritable ivresse pour moi de chercher des associations. J’aime en faire mon sujet principal dans mes toiles et parfois simplifier au maximum mon sujet pour profiter essentiellement de la qualité d’une couleur et de sa profondeur.
Le tableau devant lequel tu pourrais rester des heures ?
Je reviens toujours aux dessins de plantes d’Henri Matisse ou d'Ellsworth Kelly, ils m'apaisent. Les sculptures de Frank Stella me fascinent, je regarde souvent les tableaux de Cy Twombly et de Robert Motherwell pour la qualité du geste… J’en passe !
Quels sont tes outils préférés pour créer ?
Mon outil de prédilection est une spatule de chantier ! Sinon dans mes indispensables il y a toujours des pinceaux larges, des brosses usées de préférence…
Les autoportraits confinés d'Adeline Rapon
Photographe, joaillière, artiste engagée aux multiples facettes, Adeline Rapon s’est lancée dans une série autoportraits en duo avec elle-même.