RENCONTRER GORDANA D.
Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de rencontrer Gordana Dimitrijevic, la créatrice de la marque éponyme, la directrice artistique de Cosmoparis et de Accessoire Diffusion ( rien que ça ! ). Son attachée de presse, Camille, lui a fait rencontrer toute la blogosphère française, donc du coup, moi j’y suis allée trois ans après la bataille parce qu’avec le lancement de Wear Lemonade, mon agenda et mon organisation de titan ont été quelque peu mis à sac. Je me suis donc rendue au 76 rue de Seine, la boutique écrin de Gordana par une belle journée ensoleillée, sur les conseils de Camille, qui ne cessait de me répéter que ça allait super bien accrocher entre nous ! J’étais surtout anxieuse en y allant, je me demandais ce que j’allais bien pouvoir raconter sur Gordana car j’avais la sensation que j’allais vous faire du réchauffé. Mais comme vous le savez, je suis une vraie droguée des chaussures, quand j’ai poussé la porte de la boutique, j’ai eu un coup de foudre. La rencontre lumineuse qui fait du bien. Vous savez, il y a des personnes avec lesquelles si l’on passe quelques heures, c’est comme partir quelques jours en vacances. Gordana, elle a cet effet là. Elle m’a donné une bouffée d’air frais, je n’arrivais pas à la quitter, tellement inspirante avec un parcours hors du commun.
Ce qui m’a le plus frappée, c’est cette volonté de suivre ses rêves. En effet en 1995, elle quitte sa ville natale, Sarajevo, en guerre pour venir à Paris. Elle laisse là-bas sa famille et ses études d’économie. En France, il n’y pas d’équivalence pour son diplôme, elle apprend à ce moment qu’il faudra presque repartir à zéro. Au fond d’elle, elle veut être styliste et décide qu’il n’y pas de meilleure ville que Paris pour y apprendre ce métier… Elle apprend le français, rentre au studio Berçot et elle est vite remarquée pour son travail, mais ça, je vais la laisser vous raconter la suite… Comme vous pouvez le constater, j’ai un vrai coup de coeur pour sa personnalité et pour son travail. J’admire sa force et son parcours pour accéder à ses rêves les plus fous. Il paraît que c’est d’actualité… J’y suis donc retournée une seconde fois pour photographier son bureau, ses matières, ses archives, ses dessins et son sourire. Je ne sais pas si vous vous souvenez lorsque que je vous présentais le travail de Karuna, et bien aujourd’hui j’ai la même excitation pour vous faire découvrir la talentueuse Gordana, j’espère qu’elle vous inspirera autant qu’à moi !
- – “Question importante”: Peux-tu nous raconter ton parcours?
Alors en 1999 après le studio Berçot, je suis rentrée tout de suite chez Charles Jourdan comme stagiaire aux studios des licences. Donc j’ai dessiné tout sauf des chaussures. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allée voir le PDG de chez Jourdan pour lui demander de faire un stage dans l’usine des souliers. Après 2h de rendez-vous, il a dit OK, vous partez à Romans ! J’ai eu mon premier contrat de styliste et au moment où j’ai mis les pieds à l’usine, je savais que j’avais trouvé ma voie. J’étais subjuguée par tout le savoir faire des techniciens, mais aussi par les archives hallucinantes… Il y a un musée interne avec des trésors, comme tout le travail de André Perugia, Roger Vivier pour Christian Dior et surtout, toutes les collections de Jourdan… Je ne voulais plus jamais sortir de l’usine.. J’ai tout appris là-bas et cela reste une des plus belles périodes de ma “carrière”. Je dessinais un model et j’allais dans l’atelier pour le réaliser. Je grattais du bois pour faire des maquettes de talons, dessinais des bijoux, coupais le cuir… C’était magique de voir naître un modèle. Quatre ans après, j’ai décidé de partir sans trop savoir où j’allais mais comme je crois que la vie nous prépare toujours de belles surprises, il y en avait une autre qui m’attendait. Une rencontre avec Bruno Van Gaver en 2004, lors de laquelle il me parle de son envie de créer une marque de chaussures mais il n’avait pas de styliste… J’ai dit oui et suis partie en Chine pour créer des modèles pour sa marque qui venait de naître : Mellow Yellow. C’était un autre monde et une nouvelle manière de travailler… Mais le défi était très excitant. Le succès a été presque immédiat. C’était nouveau, une marque fraîche et abordable… J’ai partagé ensuite ma vie entre Chine et Paris, j’ai créé des centaines de modèles pour Mellow Yellow. Puis quelques années après, j’ai reçu un coup de fil en 2007 de Catherine Miran, attachée de presse, qui me parle d’une marque de chaussures qui a besoin d’une styliste. Je n’avais jamais entendu parler de Cosmoparis mais je suis allée au rendez-vous. Cela a été mon deuxième coup de foudre professionnel pour l’équipe de Cosmoparis. Il y avait tout à refaire, un bonheur pour une styliste… Je suis toujours chez Cosmoparis aujourd’hui, c’est un plaisir fou de travailler pour eux, ce sont mes amis et nos rendez-vous de collection ou nos voyages dans les usines sont des bouffées d’air frais pour moi. J’adore cette marque et j’adore ce que nous avons fait de cette marque… Accessoire Diffusion fait partie du même groupe et j’ai signé le contrat avec la marque il y a deux ans, c’est très différent de Cosmoparis mais le défi est le même.
En parallèle, je me suis inscrite à l’Institut Français de la Mode et en 2011 je suis sortie diplômée d’un M.B.A avec l’idée de créer ma marque et d’ouvrir ma boutique… L’aventure a pris forme en septembre 2012 quand j’ai ouvert ma boutique et vu mes premiers modèles sur les étagères ..
- “Question wonderwoman”: Tu es directrice artistique de la marque Cosmoparis, Accessoire Diffusion et ta propre marque, comment fais-tu pour t’y retrouver quand tu cherches l’inspiration et dans tes dessins ?
C’est étrange peut-être mais j’ai comme la sensation d’avoir des tiroirs dans mon cerveau pour chaque marque. L’approche n’est pas du tout la même pour chacune des marques et je ne travaille pas en même temps sur les collections. Dans le calendrier c’est Accesoires Diffusion en premier, ensuite Cosmoparis et puis ma marque.. mais je griffonne des idées tout le temps et partout, je pense que cela doit être un travail continu.. Aucune des marques n’a les même besoins, ni le même ADN . C’est comme 3 enfants à des âges différents, on ne peut pas s’en occuper de la même façon.
- –“Question de perspective”: Aujourd’hui tu travailles pour 3 marques, 3 univers différents, quel est ton objectif professionnel ?
Faire grandir mon bébé ( ma marque ) mais je ne me vois pas ne plus travailler pour Cosmoparis ou Accessoire Diffusion. C’est nécessaire pour moi et important de ne pas rester concentrée uniquement sur ma marque, car j’apprends énormément en travaillant pour les autres.
- – “Question Sex and the City” : Quelle est la paire de chaussures la plus dingue que tu aies jamais dessinée?
C’est une question difficile … J’ai dessiné beaucoup de modèles dingues pour Cosmoparis, certains n’ont jamais été commercialisé d’ailleurs. Mais je pense que la plus dingue reste à venir… De toute façon je ne suis jamais satisfaite à 100% avec un modèle, c’est ce qui me pousse a continuer de créer.
- -“Question groupie”: Quel est le créateur de souliers que tu admires le plus?
Andre Perugia et Manolo Blahnik.
- -“Question compeed”: Il y a beaucoup de talons vertigineux dans tes collections, as-tu une astuce pour les débutantes, une recette secrète miracle pour ne pas finir par rentrer chez soi pieds nus?
Porter du Gordana Dimitrijevic, hahahaha , mes chaussures sont très confortables, c’est une obsession pour moi de faire des modèles qui ne font pas mal aux pieds. Je les porte, je les teste, je les corrige… Une chaussure ne doit pas faire souffrir sa propriétaire. Sinon, si je peux donner un conseil, il ne faut jamais porter une paire neuve pour une soirée ! Il faut la porter à la maison pour assouplir le cuir et s’habituer à la cambrure.
- -” Question guiness book”: Combien de chaussures peut-on trouver dans ton placard ?
BEAUCOUP … Je ne sais pas exactement. À un moment je les avais comptées et il y avait plus de 500 paires. Je garde beaucoup de modèles que j’ai créés pour les marques pour lesquelles j’ai travaillé, cela aide pas mal à faire grimper le nombre. Certaines chaussures sont toujours dans leurs boîtes et n’ont jamais été portées. Je rêve d’une pièce où je pourrais les exposer… un jour peut-être.
- ” Question madeleine de Proust “: Quel est ton premier crush chaussures ?
Ma première paire d’escarpins que j’ai eus pour mes 20 ans. C’est mon ex qui me les avait achetés à Sarajevo. C’était une marque italienne inconnue mais elle coutait une fortune à l’époque. Je suis partie de mon pays pendant la guerre et je n’ai pris qu’une petite valise avec moi et cette paire de chaussures, je les ai toujours dans mon placard mais je ne les ai plus jamais portées depuis Sarajevo.
- ” Question survie “: Si tu ne devais emporter qu’un seul objet avec toi en voyage, lequel serait-il ?
Mon téléphone, j’en suis totalement addict, ou bien ma trousse de manucure pour enfin avoir l’occasion de me faire mes ongles…
Et comme Gordana est un amour de personne, elle vous offre la possibilité de gagner une paire de chaussures : les Belles en doré. Pour cela c’est simple, jouez aussi le jeu de l’interview et dites-moi quel est votre premier souvenir de soulier ? Je tire au sort mardi à midi, les résultats seront affichés à la fin de l’article à ce moment-là ! Je vous embrasse fort et je voudrais remercier encore une fois Gordana pour son accueil et sa générosité ! Et merci pour cette merveilleuse rencontre.
Et la grande gagnante est Maïlys avec son souvenir sur les Doc Martens ! Maïlys, on attend ton mail et ton adresse, ainsi que ta pointure !